quarta-feira, 31 de março de 2010

Dopage: la condamnation de Manuel Beltran ouvre des perspectives


par Chrystel Boulet-Euchin et Julien Prétot
PARIS (Reuters) - La condamnation de Manuel Beltran à verser des dommages et intérêts à l'équipe Liquigas après avoir été convaincu de dopage sur le Tour de France 2008 ouvre de nouvelles perspectives dans la lutte contre les tricheurs.
Beltran, contrôlé positif à l'EPO, devra verser 100.000 euros à son ancienne équipe, a jugé lundi le tribunal de la Fédération italienne de cyclisme. Cette décision est une première et pourrait faire jurisprudence dans la lutte contre le dopage, pour certains observateurs.
"Liquigas a décidé de poursuivre Beltran, ce qui est une éventualité que peuvent envisager tous les sponsors. C'est un nouveau message adressé aux coureurs pour leur dire que le dopage ne peut plus être toléré", a expliqué à Reuters Pat McQuaid, le président de l'Union cycliste internationale (UCI).
"Cela montre qu'il y a une tolérance zéro contre les tricheurs et on pourrait imaginer qu'il y ait dans chaque contrat une clause qui dise: 'Nous avons le droit d'entamer une action au civil et de vous poursuivre si vous trichez'".
En juin 2007, l'UCI et les équipes ont signé un accord qui prévoit que tout coureur contrôlé positif encourt deux ans de suspension et s'engage à payer une année de salaire à l'instance dirigeante, qui utilisera cette somme pour alimenter le fonds contre le dopage.
Jusqu'ici, seul l'Italien Cristian Moreni, contrôlé positif sur le Tour de France 2007 alors qu'il évoluait chez Cofidis, a contacté l'UCI pour convenir des modalités de paiement.
Trois autres coureurs, le Danois Michael Rasmussen et les Kazakhs Alexandre Vinokourov et Andreï Kashechkin, ont fait appel de cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
SERVIR D'EXEMPLE
Paul Mauriac, avocat de la Fédération française de cyclisme et spécialiste du droit du sport et du droit du travail, s'étonne d'une telle sanction de la part d'un tribunal sportif mais ne réfute pas le fait qu'elle puisse être utile.
"Techniquement, je suis surpris qu'une commission fédérale ait pu infliger une telle sanction. Après, à la question de savoir si, juridiquement, un employeur peut porter plainte au civil pour préjudice moral ou atteinte à l'image, quelle que soit la formulation du contrat, c'est oui", dit-il.
"Et cela ne s'applique pas qu'aux sportifs, tout salarié peut être sanctionné pour ce fait. Le premier étage est une mise à pied, le deuxième étage un licenciement. Au delà, il peut y avoir des dommages et intérêts".
Paul Mauriac souligne que cette piste a été souvent évoquée depuis l'affaire Festina en 1998 et qu'elle est exploitable, non seulement par les équipes mais aussi par les organisateurs de course ou les instances dirigeantes.
"Ça a été envisagé mais personne n'a jamais été jusque-là. Personnellement, je n'aurais pas trouvé saugrenu dans un souci de cohérence que les instances entament ce genre de démarche. Mais il y a des contingences de temps - les procédures sont longues - et un procès génère des coûts", dit-il encore.
Concernant l'affaire Beltran-Liquigas, il dit ne pas croire à "un effet boule de neige", pour les raisons précitées, mais juge que cela peut servir d'exemple.
LES ÉQUIPES PARTAGÉES
Du côté des équipes, l'heure n'est pas à l'unanimité sur la question.
Liquigas, par la voix de son attaché de presse Paolo Barbieri, se réjouit: "Techniquement, ce cas représente une compensation pour un déficit d'image (de notre équipe) mais il aurait également été possible de poursuivre (Beltran) pour rupture de contrat pour avoir pris des substances interdites".
Francis Lafargue, directeur de la communication de l'équipe Caisse d'Epargne, est, lui, très nuancé.
"Dans le sport, le risque zéro n'existe pas. Je préfère parler des bienfaits de la lutte antidopage. C'est un problème que les équipes et l'UCI ont pris à bras le corps, notamment avec le passeport biologique", dit-il.
"Il reste bien entendu des cas isolés qui sont condamnables. Il y a quand même un changement de mentalité avec la nouvelle génération. Liquigas, ça peut faire jurisprudence, ça va faire un petit peu peur à tout le monde."
Jonathan Vaughters, manager de la formation Garmin-Transitions, est plus enthousiaste. "Cela donne aux équipes qui se battent pour un cyclisme propre un recours contre des athlètes irréfléchis qui ne font pas attention au bien-être de leur équipe et de leurs partenaires", dit-il.
Les organisateurs du Tour de France et de la Vuelta, contactés par Reuters, ont refusé d'apporter leur commentaire.
Avec Paul Virgo à Rome, édité par Gilles Trequesser
Reuters France