quinta-feira, 20 de maio de 2010

David Cameron, un eurosceptique modéré à Paris

C'est du pragmatisme britannique bien compris. Si pour son premier voyage à l'étranger, au lendemain même de l'élection du 6 mai, le nouveau secrétaire au Foreign Office, William Hague, s'est rendu à Washington, son patron, David Cameron a, lui, choisi de rester en Europe. Le premier ministre britannique devait dîner jeudi 20 mai à l'Elysée, avant de se rendre vendredi à Berlin. Subtil dosage diplomatique : d'un côté, on soigne la relation "spéciale" avec les Etats-Unis ; de l'autre, on cultive le lien avec les poids lourds de l'Union européenne (UE).


Sur l'échelle de l'europhobie londonienne moyenne, M. Hague se situe très haut, David Cameron plutôt bas. Mais les deux conservateurs doivent tenir compte de l'alliance historique qu'ils ont conclue avec les libéraux-démocrates de Nick Clegg pour former le gouvernement qui a succédé à treize ans de règne travailliste. Les lib-dem sont très "pro-européens". Et lorsque MM. Cameron et Clegg ont dévoilé jeudi après-midi à Londres leur charte commune de gouvernement, l'influence lib-dem était claire : la Grande-Bretagne, pouvait-on lire, s'engage à jouer un rôle de premier plan au sein de l'UE.

Cela n'étonnera guère à Paris, notamment à l'Elysée, où l'on a toujours jugé que l'euroscepticisme des tories ne changerait pas fondamentalement le comportement de Londres à Bruxelles. Nicolas Sarkozy a entretenu une bonne relation avec le travailliste Gordon Brown, mais il aurait aussi confié : "Si Cameron gagne, il fera comme les autres. Il commencera anti-européen et il finira pro-européen. C'est la règle". >>>